37 milliards de tonnes. Voilà le chiffre qui s’est affiché cette année, sans détour, comme la signature carbone de notre planète. Derrière cette statistique brute, un constat moins lisible : des pays peu peuplés dépassent parfois les géants industriels dès qu’on regarde les émissions par habitant. Et pendant que le charbon continue d’alimenter la majorité de l’électricité dans plusieurs nations émergentes, les promesses internationales peinent à inverser la tendance.
Des économies accélèrent leur développement, quitte à voir leur empreinte carbone grimper en flèche. D’autres amorcent une décrue, mais restent scotchées aux premières places du classement mondial. Difficile de faire abstraction du poids des politiques nationales, façonnées par des intérêts économiques qui brouillent la trajectoire globale.
Où en est la planète face aux émissions de gaz à effet de serre ?
Le constat s’alourdit chaque année : le bilan carbone de la Terre s’aggrave. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre poursuivent leur escalade, dépassant en 2023 le seuil inédit de 37 milliards de tonnes de CO2 émises par l’activité humaine. Le climat encaisse ce choc, et les dérèglements météorologiques s’enchaînent, du Pakistan à l’Amérique centrale.
Le jour du dépassement, ce marqueur du rythme où l’humanité a consommé toutes les ressources que la planète peut renouveler en un an, avance inexorablement dans le calendrier. La biocapacité terrestre s’étiole, sous la pression de nos modes de vie. Les alertes d’experts se multiplient : la trajectoire actuelle nous éloigne des engagements pris lors de la COP21.
Pour mieux comprendre la gravité de la situation, trois points s’imposent :
- Jamais la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’a atteint de tels sommets depuis 800 000 ans.
- Le secteur énergétique reste la première source d’émissions, mais l’industrie et l’agriculture prennent une place de plus en plus visible.
- Certains pays explosent la moyenne mondiale d’empreinte écologique, sans ralentir le rythme.
Selon la région du monde, la dynamique change. L’Europe commence tout juste à réduire ses émissions, quand d’autres continents les voient grimper année après année. Ce déséquilibre pèse lourd : il fragilise la capacité des sociétés à s’adapter et accroît la vulnérabilité du climat global.
Classement 2024 : quels sont les pays les plus pollueurs aujourd’hui ?
Le classement des pays pollueurs évolue peu : la Chine reste leader incontesté, représentant à elle seule près d’un tiers des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Sa croissance industrielle, gourmande en énergie, continue d’imposer sa marque. Les États-Unis occupent la seconde place, avec des volumes d’émissions carbone élevés, et une trajectoire à peine infléchie malgré les ambitions affichées. L’Inde s’installe en troisième position, portée par une population massive et un développement économique toujours plus rapide.
L’Union européenne tient la quatrième place, ses efforts de réduction commençant à se faire sentir, même si la marge reste large. La France, à bonne distance dans ce classement, limite ses émissions, en partie grâce à l’énergie nucléaire qui amortit son bilan carbone.
Pour donner un aperçu concret, voici les volumes émis par les principaux pollueurs :
- Chine : 11,5 milliards de tonnes de CO2
- États-Unis : 5,0 milliards de tonnes
- Inde : 2,9 milliards de tonnes
- Union européenne : 2,7 milliards de tonnes
Le secteur énergétique porte la plus grande part de ces émissions, suivi par l’industrie lourde et l’agriculture. Ce trio façonne année après année la hiérarchie mondiale. Pour ces géants économiques, réduire les émissions de gaz à effet de serre reste une course de fond, dont l’issue influencera durablement l’évolution du climat.
Comprendre les chiffres : émissions totales, par habitant et par secteur
Le classement mondial des émissions de gaz à effet de serre ne se limite pas aux seuls totaux nationaux. Si la Chine, les États-Unis et l’Inde dominent le volume global, le classement par habitant change la perspective. L’Australie, l’Arabie saoudite ou encore le Canada affichent des empreintes carbone individuelles bien plus lourdes que celles de la plupart des pays asiatiques plus peuplés.
Autre angle d’analyse : la répartition sectorielle. Partout, le secteur énergétique prévaut, nourri par la combustion de charbon, de pétrole ou de gaz naturel. En Asie, le charbon reste roi ; en Amérique du Nord, le gaz naturel pèse lourd. L’industrie (ciment, acier) alourdit la note. Quant à l’agriculture, elle émet des gaz redoutables comme le méthane ou le protoxyde d’azote.
- Énergie (électricité, chauffage, transports) : environ 73 %
- Industrie (ciment, acier, chimie) : 19 %
- Agriculture et usages des terres : 8 %
Les énergies renouvelables, solaire, éolienne, hydraulique, gagnent du terrain, mais l’emprise des hydrocarbures demeure forte. Autre aspect : le bilan carbone d’un pays ne s’arrête pas à ses frontières. Lorsqu’un bien industriel est importé, la pollution générée dans le pays producteur finit par peser, en bout de chaîne, sur toute l’équation. Impossible donc de tracer des frontières simples dans ce débat.
Politiques environnementales : quel impact réel sur la réduction des émissions ?
Les politiques environnementales affichent des ambitions, mais la réalité n’est pas toujours à la hauteur des discours. Les gouvernements multiplient les annonces et les plans d’action, mais l’écart entre les promesses de réduction des émissions de gaz à effet de serre et les résultats concrets est souvent saisissant.
L’Union européenne tente de montrer l’exemple grâce à son mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, destiné à limiter les délocalisations polluantes et à pousser ses partenaires à relever leurs standards. La France, elle, parvient à réduire ses émissions, mais à un rythme qui reste timide au regard du réchauffement climatique qui s’accélère. Outre-Atlantique, les États-Unis alternent entre avancées et retours en arrière, au gré du jeu politique et de la pression industrielle.
Dans les pays émergents, le dilemme est palpable. Faut-il sacrifier une croissance économique attendue de la population pour respecter des objectifs climatiques perçus comme restrictifs ? Si les énergies renouvelables progressent, charbon, pétrole et gaz forment encore la colonne vertébrale du mix énergétique mondial. Les limites des politiques environnementales sautent alors aux yeux : sans transformation profonde de nos modèles de production et de consommation, leur portée reste limitée.
Deux tendances récentes doivent être soulignées :
- En 2023, le volume mondial de CO2 a battu un nouveau record.
- Les énergies renouvelables gagnent du terrain, mais restent minoritaires dans la production d’électricité.
Pour que la baisse des émissions de gaz à effet de serre devienne réalité, il faudra plus qu’un énième sommet ou un slogan politique : il faudra une alliance rare entre volonté politique, innovation et soutien de l’opinion publique. Les statistiques s’accumulent, le climat attend son sursaut.


